Imaginons une histoire qui se déroule devant nos yeux, s’efface pour s’inventer à nouveau, à la manière d’un palimpseste, parchemin déjà utilisé, dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau.

Imaginons un cadavre exquis où la fin d’une relation serait le point de départ de la suivante.

Imaginons une superposition de calques où les duos viendraient se colorer mutuellement, donnant du sens et une perspective singulière aux uns et aux autres.

Imaginons que l’on s’amuse à rebattre les cartes à chaque duo, comme une nouvelle histoire qui commence ou bien la suite d’un moment déjà vécu.

Imaginons qu’une relation puisse avoir différents épilogues.

Imaginons que la relation amoureuse ne soit pas retranscrite en duo. Et qu’un corps en soit constitué de plusieurs.

Quatorze comme une ouverture à la multiplicité des genres, des corps, de l’harmonie à la dissonance, comme une plongée dans notre cartographie amoureuse.

LA PRESSE EN PARLE…

(…) Les corps s’éloignent pour s’inventer à d’autres échanges où la fin d’une relation n’est que le départ d’une suivante en de multiples formes d’un sentiment amoureux libéré et partagé au moins un instant.
Pas d’hommes ni de femmes, seulement des êtres vivants en proie à la rencontre, au plaisir, au duo face à son complément d’amour. Le public assiste à la construction d’un puzzle dont les pièces viendraient s’assembler avec surprise, générosité et délicatesse.
Les mouvements des danseurs répondent à ceux des projecteurs dans un véritable dialogue entre gestuelle et jeux de lumière particulièrement sophistiqués. Sur le thème de la relation à l’autre, le tout baigné d’une musique prenante et douce qui vient exacerber le mouvement lascif des corps.

Une musique extraordinaire qui accompagne les mouvements

La musique imagine l’écrin du sentiment amoureux et les corps jouent les notes. Au menu un florilège de paroles extrêmes d’Arthur H et « prendre corps ». Moment intense et qui chavire les cœurs et les corps avec « Egyptian Fantasy », un standard de jazz, de Sydney Bechet. Extase avec Fever, interprété par Peggy Lee. La version Rythme and blues reflète toute la sensualité et l’érotisme exprimé sur scène. Les danseurs expriment la fièvre dans les enlacements, la fièvre quand ils s’embrassent, la fièvre quand ils ne font qu’un.

La symphonie de Mahler exprime le contraste entre les passages éclatants, tourmentés et violents, frappés de renoncement profonds et douloureux. Puis la fin d’un spectacle étonnant qui se termine dans le silence du tombeau, plus de son, plus de lumière.

Exceptionnel.

Bernard Tournebize – Le Dauphiné